Le monde est englouti dans une sombre réalité

De nos jours, le monde s’engouffre de plus en plus dans des questions hautement délicates relatives à la vie des milliards d’habitants de la planète Terre. De l'épidémie de coronavirus à la violence raciale, en passant par les catastrophes naturelles, les conflits armés et les dictatures sanglantes, comme en Syrie, le monde s’enfonce dans l’incertitude quant à son avenir. Les épidémies et les crises humanitaires s’accentuent, la misère et la famine continuent de ravager de nombreuses populations à travers le monde. De même, le réchauffement climatique constitue la nouvelle menace apocalyptique après le terrorisme.

Par conséquent, la biodiversité est menacée à plus d’un titre. Dans le même ordre d'idées, les crises économiques se multiplient et ouvrent la voie à des inégalités économiques criantes entre le Nord et le Sud. Les gouvernants ont du mal à mettre en place des stratégies préventives à grande échelle. D’autant plus que ces problèmes mondiaux ont une dimension globale. D'ailleurs, ces fléaux n'ont pas une source unique, mais leurs origines sont collectives.

Par ailleurs, la mondialisation, fondée sur une sorte d’économie planétaire, nous conduit tout droit vers le sentiment de partager un destin commun avec les autres peuples du monde. Il est donc important, conformément à l’esprit de l’acte constitutif de l’ONU, de s’engager à poser les bases solides d’une gouvernance d’envergure internationale qui surplombera les frontières nationales de nos États respectifs. Cela est d’une nécessité impérieuse, surtout si l’on s’inscrit dans une logique de maintien de la sécurité, de promotion de la paix et d’égalité des peuples à travers le monde.

Alors que les menaces économiques et géopolitiques affectent considérablement la vie des micro-États, nos gouvernants doivent faire de cette urgence globale leur cheval de bataille.

En s’inscrivant dans une logique d’analyse de la situation actuelle par rapport à cette perspective, nous nous rendons à l’évidence que les États-Unis veulent à tout prix imposer une gouvernance mondiale qui tienne compte de leurs intérêts économiques et géopolitiques. Il est incompréhensible que des géants politico-économiques comme la Chine, l’UE et la Russie puissent accepter cet état de fait au détriment de leurs propres intérêts.

L'obstacle principal serait justement cette question de la défense des intérêts de chaque État par son intelligentsia politique. Or, la mission principale de l’ONU est de renforcer la paix et l’unité dans le monde.

C’est pourquoi il faut, dans un premier temps, repenser la façon de faire de la politique sur chaque continent afin de susciter un vent de renouveau qui fera tomber les identités politiques nationales au profit d’une nouvelle identité transcontinentale. En Afrique, par exemple, vu le nombre important d’ethnies qui la composent, il est inadmissible que chaque groupe ethnique revendique son appartenance à un État particulier. En effet, cela contribuerait à diviser le continent en petites catégories administratives futiles.

C'est également le cas en Europe avec la montée en puissance de partis politiques ultra-nationalistes.

C'est pourquoi il est nécessaire de renoncer à ce nationalisme béant des partis politiques comme le Swiss People’s Party en Suisse, le Front National en France et le United Kingdom Independence Party en Angleterre.

De nos jours, il est inopportun d’asseoir ses convictions sur cette idéologie politique, car tous les peuples se mélangent et partagent des valeurs communes.

Le monde est devenu un village planétaire. Il est pratiquement impossible de vivre à l'écart du monde sans aucune interaction avec lui. L'idée de former une communauté nationale rigide est donc illusoire.

Dans ce cas de figure, le salut se trouve inéluctablement dans la promotion des valeurs universelles que sont les droits de l’homme, l’égalité et l’intégration socio-culturelle, ce qui risque toutefois d'accroître le sentiment de frustration chez certaines minorités non indigènes de ces États.

Le nationalisme ne touche pas seulement l’Europe, la Chine pratique elle aussi un nationalisme ultra-patriotique avec le Kuomintang.

Dans cette perspective, le nationalisme encourage la montée vertigineuse d’un égoïsme national au détriment du développement continental, car il s'apparente pratiquement à une politique d’exclusion.

Envisager une gouvernance globale tout en partant du postulat que les partis politiques nationalistes délaisseront leurs vieilles habitudes serait illusoire, car dans ce Dans un contexte de mondialisation, chacun cherche volontairement à asseoir sa suprématie et à renforcer son identité sociologique susceptible de disparaître progressivement.

Mais l'idéal est de renoncer progressivement à cette autarcie du « tout pour soi » pour devenir citoyen du monde et dépasser les limites de cette appartenance nationaliste.

Sur ce, une gouvernance mondiale, particulièrement réclamée de nos jours par les organisations internationales en prélude à la lutte contre le Covid-19, ne saurait exister sans réduire le nationalisme exacerbé de certains partis nationalistes à travers le monde, ce qui est utopique.

Mais cela serait également dangereux si cela n'était pas fait, car, par exemple, aucune solution nationale particulière ne peut prétendre être la meilleure pour lutter contre la pandémie du coronavirus. Pour preuve, c'est grâce à la diplomatie humanitaire mise en place par des États comme la Turquie et Cuba que du matériel médical a pu être acheminé dans plusieurs pays du monde.

Il en va de même pour le terrorisme. Ce dernier repose en effet sur une forme d'islamisme radical, donc une civilisation capable de conquérir des adeptes un peu partout dans le monde.

C’est pourquoi il faut aussi penser à établir un arsenal politico-judiciaire inter-États afin de juguler promptement ce fléau qui a endeuillé de nombreuses familles ces dernières années. Se limiter à des coalitions militaires est peu productif ; il faut aller plus loin en uniformisant les modes de pensée politiques qui soutiendront éventuellement les déployements logistiques et militaires dans les régions vulnérables au terrorisme, car la survie de milliers de personnes en dépend largement.

Cette uniformisation pourrait également favoriser la promotion du vaccin contre le Covid-19 à l'échelle planétaire, sans que des voix discordantes appelant au boycott ne donnent l'impression d'un néo-colonialisme.

Par ailleurs, l’idée d’établir des partis politiques régionaux ou des blocs politiques transcontinentaux est difficilement envisageable, car les réalités sociologiques, politiques et socio-économiques diffèrent d’un État à un autre.

L'exemple du Moyen-Orient montre qu'il est impossible de fédérer les partis politiques de ces États à l'échelle régionale, car ils sont généralement assortis d'appartenances à des sectes religieuses différentes des deux côtés.

Il est par exemple impossible de fédérer les partis politiques de ces États à l’échelle régionale, car ils sont généralement assortis d’appartenance à des sectes religieuses différentes de part et d’autre.

La monarchie saoudienne ne pourra en aucun cas se concilier avec le régime politique iranien. Ils ont des orientations religieuses différentes : l’un est majoritairement chiite et l’autre sunnite.

Il en va de même en Europe, où des formations politiques aux valeurs fondamentales identiques ont une lecture différente de la fonction publique.

Le Rassemblement national en France et le United Kingdom Independence Party, par exemple, sont tous deux nationalistes, mais ont une lecture différente de la fonction publique. Le Rassemblement national prône un État centralisateur au détriment du développement d’un pouvoir local, tandis que l’UKIP cherche à réduire la taille de l’État central.

Plus loin, sur le plan de la fiscalité, le FN veut à tout prix alourdir la fiscalité des plus aisés tandis que l’UKIP veut la réduire. C’est d'ailleurs la raison pour laquelle ils n’ont pas pu constituer une alliance au sein du Parlement européen à une certaine époque.

Sur cette même lancée, la forme de gouvernance au sein du Parlement européen doit être multipliée par le nombre de groupes politiques qui y résident, car selon moi, ces groupes pourraient aussi se constituer en une alliance globale à l’échelle européenne, et ainsi ouvrir la voie à une perspective de gouvernance continentale en Europe.

Pour cela, des groupes comme l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe, le Groupe du centre droit du Parti populaire européen et des démocrates européens, ainsi que le Groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et des démocrates, peuvent facilement se constituer en bloc unitaire, ce qui rapprocherait les peuples d’Europe.

Mais le régionalisme politico-économique est loin d’être parfait, car certains peuples sont réticents en raison des disparités économiques importantes entre les pays d’Europe de l’Ouest et ceux d’Europe centrale et orientale. C'est la raison pour laquelle certains États ne respectent pas à la lettre les recommandations de l’UE.

L’exemple le plus récent concerne la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie qui ont refusé de signer les accords relatifs à la répartition des réfugiés dans l’espace européen.

Ensuite, la Méditerranée et plus particulièrement les pays d’Afrique du Nord et d’Europe du Sud devront s’associer politiquement au cours des prochaines années pour former des blocs politiques, afin de juguler le flux migratoire qui ne fait que s’amplifier chaque jour.

Dans ce bloc, les partis politiques nationaux doivent harmoniser leurs positions divergentes, mais cela n’est pas facile, car la sociologie de l’Afrique septentrionale est très différente de celle de l’Europe australe, avec notamment des religions différentes qui engendrent des modes de pensée quasi différents.

Au regard de la position géographique de la Turquie, qui se trouve à cheval entre l’Europe et l’Asie, ce même scénario est possible entre les partis politiques turcs et européens ou moyen-orientaux.

Toutefois, il est important de souligner que le rapprochement géographique ne suffit pas.

En Afrique, par exemple, les États qui composent les régions du continent, du nord au sud et d'est en ouest, se sont constitués en entités dans le cadre d'une intégration beaucoup plus économique que politique.

C’est notamment le cas de la CEDEAO, de l’Union du Maghreb Arabe et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, qui peinent jusqu'à présent à harmoniser leurs positions sur des questions politiques. Au sein du Maghreb arabe, l’Algérie et le Maroc, par exemple, sont en conflit chronique concernant l’indépendance du Sahara occidental.

Il faut également noter l'arrogance des hommes politiques africains qui sont réticents à toute idée d'harmonisation des luttes politiques. Chacun considère son propre bonheur, et non celui des autres. Les États africains n’arrivent toujours pas à mettre en œuvre le parlement panafricain au sein de l’Union africaine (UA), à l’image du Parlement européen.

Une telle intégration faciliterait l’harmonisation des positions politiques relatives au maintien de la paix, à la promotion de la démocratie, des droits de l’homme et du développement durable.

Face à l'urgence de la menace des cartels de drogue en Amérique latine, une intégration politique sérieuse mérite d'être envisagée par tous les États de la région. Si cela est fait dans les années à venir, la menace s’étiolera considérablement.

Sur un autre registre, il est également probable que, compte tenu de l'évolution actuelle des relations économiques avec des blocs compétitifs comme le BRICS, l'UE, les États-Unis et le Mexique, le monde connaîtra un bouleversement politique avec, à la clé, une compétition acharnée entre ces différents blocs régionaux. Il convient de noter que le terme « région » dans le domaine des relations internationales ne revêt pas uniquement une signification géographique ; il désigne également des orientations et des réalités économiques similaires de la part de plusieurs pays.

C’est pourquoi la compétition est inévitable dans les années à venir.

Le développement économique foudroyant enregistré par certains États ces dernières années a favorisé l’émergence de nouveaux géants économiques et politiques en Asie, en Amérique latine et dans la partie sud du continent africain.

Des pays comme la Chine, l’Inde et le Brésil sont ainsi devenus en un laps de temps de véritables pôles de développement socio-économique, s’inscrivant dans une logique d’intensification de la coopération Sud-Sud à travers des accords multilateraux, dans le souci ardent de transformer positivement la vie de leurs populations.

La bipolarisation à laquelle on a assisté dans les années 1990, durant la guerre froide, n’est plus d’actualité. On assiste pratiquement à une multipolarisation de la scène internationale.

Et la Ligue arabe, qui regroupe aussi la majeure partie des pays arabes, joue la carte de la défense des intérêts géostratégiques et économiques de ces États. Il est certain qu'ils n'accepteront pas le diktat des grandes puissances mondiales, telles que les États-Unis et les pays d'Europe de l'Ouest, dans les années à venir.

Cela déclencherait une compétition farouche entre eux, d’où la nécessité de réformer le nombre de membres permanents au Conseil exécutif de l’ONU.

Par conséquent, ils auront leur mot à dire dans la conduite éventuelle du monde. Cela risque également de porter un coup à la confrontation bipolaire traditionnelle entre la Russie et les États-Unis sur la scène internationale, et de modifier la gouvernance future du monde avec ce genre de compétition entre les blocs régionaux politico-économiques.

En ce moment, le rôle des partis politiques sera crucial ; ils doivent absolument mettre un frein à la politique politicienne pour devenir les adeptes d’un rassemblement transcontinental.

À défaut, l'émergence des États-nations et du populisme se multipliera, ce qui est nuisible à toute perspective d'union internationale.

Néanmoins, je pense qu'il est toujours possible d'unifier les actions politiques à condition que les partis politiques renoncent à leur identité nationale pour adopter une identité idéologique.

On sait pertinemment qu’il existe l’Internationale socialiste et les libéraux du monde, qui regroupent des centaines de partis politiques provenant des différents États de la planète. Il est possible d’amorcer une vision commune de la politique autour de valeurs partagées, sans pour autant avoir cette étiquette de pays ou de nations.

Le monde peut aussi s’organiser politiquement autour de ces deux courants de pensée politique pour maintenir sa cohésion. En d'autres termes, les partis politiques pourraient aussi se regrouper en partis de gauche et de droite. Ceci est d'ailleurs palpable sur la scène politique de certains États du monde, caractérisés par la bipolarisation. C’est le cas des républicains et socialistes en France, du parti républicain et du parti démocrate aux États-Unis, des conservateurs et des libéraux au Canada, etc.

Il serait préférable que, dans les années à venir, ces partis forment successivement des blocs politiques transnationaux ou transcontinentaux.

Cependant, ces perspectives d’intégration politique, qui pourraient ensuite se concrétiser, exigent au préalable le respect de certaines conditions essentielles.

C’est-à-dire que le régionalisme doit d'abord être économique, à travers l’unification des politiques économiques, monétaires et fiscales, ainsi que la libre circulation des personnes et de leurs biens. À titre d'exemple, l'Allemagne avait préféré abandonner sa souveraineté monétaire au profit de la monnaie unique européenne, et pourtant l'euro était solide.

Les efforts doivent donc être fournis, car l’intégration favorise l’élargissement des marchés économiques et permet d'avoir une période d’accalmie entre les États soucieux de conserver leurs liens établis par les processus d’intégration économique.

Dans le même ordre d'idées, le régionalisme politique implique de renoncer aux valeurs qui sont les nôtres au profit des valeurs universelles. Si les exigences du régionalisme politique sont respectées à la lettre, cela ouvre la voie à un monde meilleur, avec un risque insignifiant de conflits entre États. Les conflits sont en effet toujours source de malheur et de dégradation de l’appareil politique des États.

Preuve en est que lorsque l’Union africaine a manqué de fermeté concernant la crise libyenne, les pays occidentaux ont pris le problème à bras le corps en éliminant Khadafi. Cela se répercute actuellement en Libye, car de nos jours l’autorité de l’État est inerte.

En définitive, l'humanité tout entière a toujours vécu dans la terreur avec les deux grandes guerres mondiales et les problèmes actuels, dont la pandémie de coronavirus. Il est plus que jamais nécessaire de dépasser les frontières de l'adversité en garantissant la paix et la sécurité dans le monde.

Les partis politiques doivent également renoncer à leurs parcelles de souveraineté nationale pour favoriser l’intégration politique. Les peuples du monde entier doivent également accepter l'idée de partager un destin politique commun.

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Être jeune en Guinée